Préparer le CNRD 23 -24 avec les archives locales

, par Sophie Gaujal, IA-IPR

Voici des ressources locales pour préparer le CNRD avec vos élèves, outre la brochure 2023-2024.

Archives départementales des Yvelines - 78

Ressources proposées par Julien Boigné, professeur-relais aux archives départementales des Yvelines.

Il faut rappeler que cette thématique peut être problématique quant aux archives disponibles : en effet, la résistance à la déportation, par sa nécessité même d’être silencieuse, n’a laissé que des traces relativement éparses. Les informations récoltées sur ce thème sont donc soit le fruit du hasard, soit celui d’un long travail de tâtonnement parmi des sources très variées.
De façon générale, les enseignants qui voudront travailler sur ce thème aux AD78 devront se plonger dans les sous-séries contemporaines : 300 W (police générale (1938-1957)) et 1 W (Préfecture de Seine-et-Oise).
A l’intérieur de ces sous-séries, nous avons repéré des documents particuliers recensées ci-dessous.

La question de la résistance à la déportation des Juifs

  • 300 W 78 : déportés juifs : instructions et rapports.
  • 300 W 79 : déportés juifs : arrestations et contrôles, correspondances :
    >> en particulier un rapport du commissaire divisionnaire chef du Service Régional de la Sécurité Publique à l’Intendant de Police sur les opérations de police des 12 et 13 septembre 1942, du 14 septembre 1942 concernant la dissimulation de la famille Rozencwajc à Villepinte.
    >> une note de la police d’Etat du 11 septembre 1942 concernant la complicité de gardien de la paix de Villepinte dans la soustraction de Juifs aux arrestations (document déjà numérisé et en ligne : Déportation et politique antisémite sous l’occupation (yvelines.fr) )
  • 300 W 22 : Les rapports journaliers de la police d’Etat : de nombreuses mentions au hasard de la consultation des rapports :
    • le refus de l’étoile jaune comme acte de résistance :
      >> ex. rapport journalier du 27 juillet 1942 Salz Maurice, Liba Selecnikaite à Juvisy
      >> ex. rapport du 19 août 1942 à Aulnay sous Bois : Weissler née Isdrail Levra, le 27 fevrier 1877 à Podu-Furculin (Roumanie) ex commerçante, roumaine ,juive, dem. à Aulnay, 7 boulevard Félix Faure, qui malgré plusieurs avertissements persistait à paraître sur le marché démunie de son étoile.
    • les évasions des trains :
      >> ex. rapport du 3 sept 1942 : le juif Fleismann Paul 18 ans s’est jeté d’un train d’Israélites qui se dirigeait sur Pithiviers.
      >> ex. rapport du 22 sept 1942 Neuilly-Plaisance train de marchandise n°4204 allant de Juvisy au Bourget, transportant un certain nombre d’israélites à destination du camp de Drancy : fuite d’Israélites.
    • les personnes cachées :
      >> ex. rapport du 23 sept 1942 : arrestation à Tremblay lès Gonesse. Surveillance du pavillon de Kenisberg Wolf né le 19 juillet 1901 à Varsovie domicilié à Villepinte avenue des fougères pour l’appréhender avec son épouse Mnicha Nutanger.
      >> ex. rapport du 28 sept 1942 Neuilly-Plaisance l’israélite RIGAL Binem demeurant habituellement 46 rue d’Avron à Paris, réfugié à Noisy le Grand, arrêté sur instructions de la Feldgendarmerie d’Enghien.
  • 1 W 49 : les demandes d’intercession auprès du préfet : ex. demande des autorités d’occupation par le préfet de police au préfet sur l’état de santé et l’adresse de Ruth Rubner à la maison d’enfants de l"Union Osé" 6 rue de Valmy à Montmorency ; celle-ci est en fuite en zone libre avec l’union (6 février 1941).

La question de la résistance à la déportation des nomades

 300 W 81 : les archives du camp d’internement de nomades de Linas-Montlhéry (91) : dossier concernant la famille Gurêm et l’évasion de plusieurs de ses membres du camp.

La question de la résistance à la déportation "du travail" (les réfractaires au STO)

  • 300 W 77 Ouvriers français en Allemagne, relève, S.T.O., organisation Todt
  • 300 W 88 : le fond des internés, déportés – Demandes de recherche : renseignements sur les circonstances des déportations (ex. dossier ALLIOT, né le 11 novembre 1922 à Nanterre)
  • 300 W 22 : les rapports journaliers de la police d’Etat
    • ex. rapport journalier du 12 décembre 1942 : tracts retrouvés à Sartrouville : "Le devoir des ouvriers du groupe Potez (ex. C.A.M.S et Potez) - Faire grève contre de nouvelles déportations » (parlant des ouvriers français en Allemagne) avec exemple du tract original.
    • ex. rapport journalier du 29 décembre 1942 : tract retrouvé à Achères : « Français, Françaises, rendez-vous Samedi 26 décembre à 15hres au Vélodrome d’Hiver » ramassés par un gardien de la paix.

La résistance à la déportation politique

  • 1W 71 & 1 W 80 : archives du centre d’internement d’Aincourt.
  • 1 W69 Demandes d’intervention et de libérations d’internés administratifs.

La résistance chez les enseignants

Sous-série 1T7 : exemple particulier de Léa Judenstein : enseignante, résistante d’origine juive qui a caché deux enfants juifs durant le conflit (dossier 1T7/1687).

Archives départementales du Val-d’Oise - 95

Ressources proposées par Nicolas Prévost, professeur relais aux AD du 95.

Le sanatorium d’Aincourt, [1933-1939], ADVO, 30 Fi 187 1.

Ouvert en 1933, le sanatorium d’Aincourt devient le 5 octobre 1940 un « centre de séjour surveillé », susceptible de détenir aléatoirement tout individu jugé dangereux ou suspect pour la défense nationale. Les prisonniers sont avant tout politiques, principalement communistes. Jusqu’à sa fermeture en septembre 1942, 1168 personnes y sont internées, dont 775 personnes sont déportées en Allemagne, notamment à Auschwitz-Birkenau et Ravensbrück.

Instructions concernant le camp surveillé d’Aincourt, mai 1942, ADVO, 1 Z 384.

De mai à septembre 1942, quatre-vingt-treize femmes sont internées à Aincourt. Ce document du sous-préfet adressé au commissaire spécial de Pontoise évoque les activités communistes, mais des femmes « juives, étrangères, prostituées ou condamnées de droit commun » furent également concernées.

Renseignements concernant la situation de Victor Léonet, 1943, ADVO, 1 Z 384.

Le Sarcellois Victor Léonet, aviateur et pilote lors de la Première Guerre mondiale, est interné en 1942 pour « activité anarchiste et libertaire », et « propos antinationaux et subversifs en public ». Il est recensé par le site de la Fondation pour la mémoire de la Déportation comme passager du convoi parti de Compiègne le 21 mai 1944, à destination de Neuengamme. Il fait partie des 788 hommes reviennent (sur 2004), après la libération de son camp le 2 mai 1945.

Le Régional du Nord de l’Ile-de-France, « Le camp de la mort lente », 9 mai 1945, ADVO, PER 100 1.

Le camp de la mort lente… relate le témoignage d’un déporté à Buchenwald, camp tout juste libéré. L’article s’intéresse avant tout aux conditions. La fin de l’article montre le doute émis, dès cette époque, par une partie de la population sur l’existence des camps.

Invitation à l’inauguration de la stèle du souvenir du camp d’internement d’Aincourt, 1992, ADVO, 2420 W 73.

En 1994, une stèle a été inaugurée sur le site. Le devoir de mémoire autour du camp d’internement d’Aincourt se perpétue encore aujourd’hui, avec une cérémonie commémorative annuelle, au début du mois d’octobre.

Henriette Pichon au collège pour jeunes filles de Bouffémont, 1931, ADVO, 1 J 580.

En 1930, Henri et Henriette Pichon ouvrent à Bouffémont une école privée de prestige pour jeunes filles de la haute société européenne. Après le décès de son mari en 1938, Henriette poursuit l’activité, jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, quand l’établissement est réquisitionné par les Allemands. Henriette Pichon part s’installer dans l’Allier, où elle loue un château et entreprend d’y cacher des enfants en danger, dont certains sont juifs. On estime qu’elle a protégé une cinquantaine d’enfants. Décédée en 1964, elle a été reconnue comme Juste parmi les Nations en 2010.

Renseignements concernant la situation de Lucien Garnotel, 1943, ADVO, 1 Z 384.

Né à Versailles, Lucien Garnotel est interné au camp administratif de Rouillé (Vienne) dès octobre 1940. Décrit comme « ex militant communiste », il est cependant considéré comme toujours subversif par les autorités. Comme Victor Léonet, il part de Compiègne le 21 mai 1944, mais décède à Neuengamme en novembre 1944.

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